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Pensée enseignante et didactique des langues / coordonné par José Aguilar et Francine Cicurel.

Collaborateur(s) : Aguilar, José | Cicurel, Francine.
Collection : Français dans le monde ; Recherches et applications. Éditeur : Paris : CLE International ; Le français dans le monde, 2014Description :190 p. : ill. ; 23 cm.ISBN : 9782090371291 (br); 2090371293.Sujet(s) : Français (Langue) -- Étude et enseignementRessources en ligne : Site de l'éditeur. | Site de la revue.
Dépouillement complet :
« Consacrer un numéro à la pensée enseignante suppose deux convictions fortes : la première est que les enseignants, au moment même où ils accomplissent leur travail, soient traversés par ds préoccupations, des idées, des affects, spécifiques à leur métier. C'est à cette condition qu'existerait une « pensée pédagogique » qui aurait ses particularités et ses buts. La seconde conviction concerne l'accessibilité de cette pensée enseignante qui, comme toute pensée se dérobe mais qui, par le biais de dispositifs bien précis, permet aux enseignants une verbalisation de leur action. Ces travaux commencent à représenter aujourd'hui un champ nouveau, porteur de nouvelles significations pour l'enseignement/apprentissage des langues car c'est à partir de l'expérience des praticiens que le savoir théorique s'élabore. Des thèses, des numéros de revue, des colloques mettent au centre de leurs thématiques l'action enseignante, l'investigation du terrain, la compréhension des motifs de l'agir professoral, les aléas de la planification dans l'agir professoral.
Le volume est organisé en deux parties, en fonction de l'orientation des contributions. La première partie, « L'autoconfrontation et les verbalisations comme expériences de pensée », regroupe les auteurs pour qui l'autoconfrontation ou le récit de vie constitue une voie d'accès à la pensée enseignante. Il y a en effet ceux pour qui faire verbaliser les enseignants en les confrontant à leur action d'enseignement (Barcelos, Cicurel, Faïta et Boyer, Delorme et Muller, Woods et Knoerr) constitue une médiation privilégiée pour comprendre quels sont les dessous de l'action enseignante. D'aun autre côté, il y a les auteurs, regroupés dans la seconde partie, « Dispositifs de formation et réflexivité », pour qui les agencements de formation, dans leur diversité, constituent un observatoire privilégié de l'activité réflexive (Cahour, Ishikawa, Rivière et Guichon, Tochon, Vinatier). La diversité des situations de formation présentées dans cette seconde partie met l'accent sur l'importance de la contextualisation dans ces travaux. » (Présentation, p. 8-9)
TABLE DES MATIÈRES
Présentation / Francine Cicurel et José Aguilar
L'AUTOCONFRONTATION ET LES VERBALISATIONS COMME EXPÉRIENCES DE PENSÉE
Repenser la pensée enseignante / Devon Woods et Hélène Knoerr Issu de la recherche en sciences de l'éducation aux États-Unis pour tenter de comprendre les actions des enseignants en salle de classe, le paradigme "teacher thinking" s'est ensuite exporté dans d'autres disciplines telles que la didactique des langues où il est devenu "teacher cognition", et dans d'autres langues, dont le français et sa didactique, sous le nom de pensée enseignante. Cependant ces termes recouvrent un vaste champ sémantique qui englobe non seulement les processus de pensée immédiate mais aussi les différents types de savoirs et connaissances sous-jacents aux décisions et les diverses croyances qui influent sur la pensée. Une grande variété de termes, tant en français qu'en anglais, tentent de clarifier les composantes de la pensée enseignante et de "teacher cognition" et des relations qu'elles entretiennent. Le but de cet article est de revenir sur le champ conceptuel sous-jacent à ces termes. Dans un premier temps, nous présenterons une synthèse de l'évolution du cadre conceptuel au cours des trente dernières années, avec un accent particulier sur le modèle développé par Woods (1996). Ensuite, une analyse de la terminologie recensée dans les écrits tant anglophones que francophones nous amènera à proposer une version actualisée du modèle de Woods qui pose deux dimensions dans le champ sémantique de la pensée enseignante (teacher cognition) dans le but de comprendre les composantes de la pensée enseignante. La première dimension distingue ce qui est traditionnellement désigné sous le vocable de knowledge de ce qui est connu sous le vocable de beliefs. La seconde dimension distingue entre les formes explicitement articulées de knowledge de celles qui sont implicites et incarnées. Enfin, nous présenterons, à l'intérieur de ce nouveau cadre conceptuel, une étude sur la pensée enseignante de professeurs de français langue seconde explorant un nouvel outil technologique pour leur enseignement.
Ambivalence, adaptation et résistance : lorsque l'enseignant de langue est confronté à des réactions non planifiés d'apprenants / Catherine Muller et Vera Delorme Tout professeur peut être confronté à des réactions des apprenants qui s'écartent de sa planification. L'article cherche à analyser le positionnement de deux enseignantes de langues dans de telles situations. Pour cela, nous prenons appui sur des entretiens d'autoconfrontation pendant lesquels ces deux professeurs ont commenté des séquences vidéo de leur cours. L'émergence inhérente à la classe de langue peut donner lieu à une certaine ambivalence de la part de l'enseignant, qui exprime une satisfaction liée aux initiatives des élèves mais également une forme d'insatisfaction induite par la modification de sa planification. C'est alors que l'on peut observer des manifestations d'une résistance aux désirs des apprenants, qui vise à préserver le programme prévu.
Comment le maître pense son travail avant de travailler et en faisant de son travail un nouvel objet de pensée / Daniel Faïta et Roland Boyer Dans le but de mettre en évidence, autant que faire se peut, les mouvements à l'oeuvre dans l'activité par laquelle des enseignants (ici de langue régionale occitan à l'école primaire) conçoivent leur travail, on a procédé à une variation de leurs situations et contextes d'enseignement. Mettant à profit une connaissance fine des outils et méthodes prescrits, en initiant un processus déjà expérimenté dans le cadre des méthodes indirectes, on a ensuite sollicité leur collaboration en les confrontant aux films de leur conduite de classe et en leur proposant de dialoguer entre elles et le chercheur. Sans préjuger d'autres conclusion possibles, on a cherché à mettre en évidence les relations intrinsèques qu'entretient la pensée avec les dimensions variables de l'action, relations responsables de formes indéniables de transformations et de développement.
Language teacher beliefs : a key to understanding teachers' actions / Ana Maria F. Barcelos The importance of beliefs in language teacher education is related to their role in helping researchers understand how and what language teachers think about language teaching and learning, how teachers learn to teach, their reflective processes about their practices as well as their own actions and decisions. Yet, belief is a messy construct and a complex one which has been studied by researchers in different fields, and in Applied Linguistics for more than two decades now. Despite their important role in teacher education, according to Woods (2003), the complexity of beliefs is underestimated in the literature and by many teachers. This paper explores some of this complexity by talking about the nature of beliefs and their relationship with actions and context, which is essential to the understanding of the language teaching and learning processes and to language teachers' practices. In the first part o the article, beliefs is defined and several aspects are pointed out to highlight their importance to teacher education. In the second part, a review of the different approaches to investigating beliefs to date is presented. Thus, the normative, metacognitive and contextual approaches (Barcelos, 2003) are presented and a discussion about this terminology as well as present developments in theory and belief research are discussed. The third part of this paper discusses the relationship between beliefs and actions and the theoretical concepts that have been used to explain the dissonance between beliefs and actions. Based on Richardson (1996), I explain that this relationship can be seen as a cause-effect, interactive and hermeneutic relationship. In the final part of the paper, recent developments of research on beliefs and their relationship to other concepts such as teachers' emotions and identities are presented and suggestions for future research are shared.
Pensée en action / pensée sur l'action : une fenêtre sur l'agir professoral ? / Francine Cicurel Lorsqu'un enseignant visionne le filmage de son action en classe, ce qui est souvent enfoui dans la mémoire redevient perception. Le fait de se voir au milieu de sa classe, en acte, amène l'enseignant à penser d'une autre façon son métier, sa manière de faire, ce qui caractérise son public et la manière dont il aborde les divers obstacles qu'il rencontre nécessairement. Montent alors à la conscience des savoirs cachés, des motifs sur lesquels il n'a pas le temps ni l'habitude de s'étendre, des appréciations qui ne portent pas seulement sur la langue mais aussi sur la représentation qu'il a des apprenants, des commentaires sur l'image de soi, sur les croyances, le métier, la gestion des imprévus, la rationalité ou la spontanéité de l'action. Cet article se propose d'interroger les discours de verbalisations d'enseignants comme voie d'accès à ce que l'on appelle la pensée enseignante.
DISPOSITIFS DE FORMATION ET DE RÉFLEXITÉ
Pour une formation réflexive dans l'enseignement des langues et des cultures / François Tochon Cet article décrit la guidance liée à l'élaboration de portfolios auprès de stagiaires en enseignement des langues vivantes explorant leur propre action. La formation réflexive de stagiaires en enseignement du français langue étrangère vise à conceptualiser une approche plus profonde de l'apprentissage de la langue et de la culture cibles. L'article explore la conversation émergeant d'une rencontre de formation sur les composants vidéo d'un portfolio électronique. La recherche-action participative avec des stagiaires désireux d'approfondir leur enseignement grâce à cette orientation profonde sur le terrain place au premier plan l'analyse des conflits pédagogiques et didactiques, l'autonomie de l'apprenant, la collaboration et l'autogestion de ressources en ligne, avec les défis que cette orientation implique en termes d'un réexamen de convictions jusque-là bien ancrées sur la nature de l'apprentissage d'une langue. Quelques implications de la démarche inductive sont brièvement dégagées pour la formation des enseignants.
Construction de bilans rétroactifs par des apparentis tuteurs de langue en ligne : régimes d'action et dynamiques sociocognitives / Véronique Rivière, Nicolas Guichon La présente étude porte sur l'activité de bilan rétroactif exercée par des étudiants. Dans cette formation, les étudiants-apprentis sont mis en situation de produire un bilan différé multimodal de la séance pour leurs étudiants distants et de réfléchir ainsi, de manière située, à différents aspects liées à l'évaluation. Il s'agit d'identifier, à travers les traces du travail des apprentis et des verbalisations menées à partir de celles-ci, les modes d'élaboration du bilan et de saisir les dynamiques de construction de significations s'appuyant sur une mise en discours de certains aspects de l'activité. Nous mettons ainsi en évidence l'articulation discursive entre activité productive (faire en bilan) et activité constructive (en construire une signification du point de vue de l'activité d'enseignement, de la formation en cours, de normes supposées et des savoirs nécessités) et son caractère dynamique pour la professionnalisation des apprentis tuteurs de langue en ligne. Nous explorons finalement la pensée enseignante dans son articulation avec le discours et l'action.
La verbalisation de la « dimension cachée » : la pensée enseignante à la croisée de la didactique du FLE, de l'analyse de l'interaction et de la formation des enseignants / Fumya Ishikawa La pensée enseignante se développe tant dans la classe que durant l'entretien d'explicitation. Imperceptible en soi, elle peut se manifester dans la classe sous forme de dit et/ou de fait, les éléments ainsi révélés faisant ensuite l'objet de l'entretien d'explicitation. Composé par l'interaction verbale entre l'enseignant « novice » dt l'« expert », ce dernier les incite à revenir aussi sur les éléments constitutifs de la pensée enseignante qui n'ont pas été manifestés de façon perceptible dans l'interaction avec les apprenants en classe. De plus, il permet à l'enseignant « novice » de mettre en lumière ce qu'il pense, à travers l'interaction avec l'« expert », du dit et/ou du fait produit(s) dans la classe. Énonciativement, praxéologiquement et/ou cognitivement polyphonique, le discours de l'entretien d'explicitation est donc un dispositif révélateur à la fois du « répertoire d'enseignement » de l'enseignant « novice » et du répertoire cognitif de son partenaire. Si celui-ci a trait à la formation, c'est que dans l'entretien, l'« expert » évalue les activités que l'enseignant « novice » a pratiquées dans la classe, l'invite par par la « maïeutique » à réfléchir pour identifier la raison pour laquelle des incidents se sont produits, « diagnostique » les problèmes connus par les apprenants, transmet des savoirs et des savoir-faire pédagogiques et donne des conseils. Pour enrichir le « répertoire d'enseignement » sans recourir à l'étayage de l'« expert » et devenir ainsi enseignant autonome, l'enseignant « novice » doit acquérir une telle capacité de réfléchir sur lui-même.
Démasquer incompréhensions et désaccords interactionnels avec des entretiens « re-situant » / Béatrice Cahour Pendant les interactions, didactiques ou autre, les mouvements de désaccord et d'incompréhension sont une part de l'expérience subjective souvent contrôlée et camouflée, et qui ne se laissent apercevoir que partiellement. Or, de façon sous-jacente, elles peuvent orienter l'activité, notamment l'engagement et la motivation vis-à-vis de l'interaction en cours, et elles participent à la relation interpersonnelle qui se construit. Pour faire verbaliser cette dynamique interactionnelle, et en particulier les mouvements de désaccord et d'incompréhension vis-à-vis de l'interlocuteur, nous nous basons sur les principes et techniques de l'entretien d'explicitation développés par Vermersch, qui veillent à ce que le sujet se souvienne au mieux de la situation et limite les reconstructions. Nous proposons de les mettre également en oeuvre avec des supports mnésiques comme la vidéo de l'interaction, en soulignant néanmoins les risques et limites de ce dispositif. À partir d'exemples de cas, nous montrons comment ces méthodes permettent d'éclairer l'expérience subjective des interactions, faite notamment de mouvements de désaccords et d'incompréhension teintés d'affectivité, mais aussi d'autres pensées, perceptions sensorielles, émotions et actions.
L'activité enseignante à la lumière de la pensée de l'enseignant / Isabelle Vinatier La pensée enseignante est ici telle que la révèle l'analyse des interactions verbales entre un enseignant et ses élèves en situation de classe. Notre présentation s'appuie sur une recherche collaborative avec des enseignants de collèges qui souhaitent comprendre ce qu’ils font lorsqu’ils aident des élèves à résoudre les difficultés que comporte l'exercise qui leur a été confié. Dans cette recherche se repère comment un groupe d'enseignants passe d'une conceptualisation en acte (pensée en acte, i.e. telle qu'elle se réalise ou se déploie dans l'acte, de façon irréfléchie, non consciente de soi) à une conceptualisation consciente (pensée verbalisée). Ils découvrent que la situation de classe rapportée par l 'un de leurs pairs pourrait à ce point être la leur qu'ils la considèrent comme significative et prototypique des tensions qu'ils vivent au quotidien : entre passer du temps avec l'élève et préserver l'avancée de la séance pour tous les autres ; entre comprendre la difficulté de l'élève et parvenir rapidement à sa résolution ; entre préserver la relation et engager l'élève à surmonter l'obstacle. Mais, pris dans ces tensions, il peut arriver que dans le feu de l'action, dans l'urgence, on finisse par faire ce qu'on ne voulait pas faire. Le groupe, s'étant effectivement reconnu dans ce cas de figure, va alors chercher les moyens d'obvier à ce qu'il a identifié comme « un piège interactionnel ».
Outil pour la recherche - La fabrique d'un entretien d'autoconfrontation dans le cadre d'une recherche sur l'agir professoral. Méthodes, buts et analyses / Groupe IDAP-DILTEC
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Type de document Site actuel Collection Cote Info vol. Numéro de copie Statut Date d'échéance Code à barres
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Non-fiction No. 56 (juillet 2014) 1 Disponible A026599

No. 56 du supplément « Recherches et applications » de la revue Le français dans le monde.

Comprend des références bibliographiques.

« Consacrer un numéro à la pensée enseignante suppose deux convictions fortes : la première est que les enseignants, au moment même où ils accomplissent leur travail, soient traversés par ds préoccupations, des idées, des affects, spécifiques à leur métier. C'est à cette condition qu'existerait une « pensée pédagogique » qui aurait ses particularités et ses buts. La seconde conviction concerne l'accessibilité de cette pensée enseignante qui, comme toute pensée se dérobe mais qui, par le biais de dispositifs bien précis, permet aux enseignants une verbalisation de leur action. Ces travaux commencent à représenter aujourd'hui un champ nouveau, porteur de nouvelles significations pour l'enseignement/apprentissage des langues car c'est à partir de l'expérience des praticiens que le savoir théorique s'élabore. Des thèses, des numéros de revue, des colloques mettent au centre de leurs thématiques l'action enseignante, l'investigation du terrain, la compréhension des motifs de l'agir professoral, les aléas de la planification dans l'agir professoral.

Le volume est organisé en deux parties, en fonction de l'orientation des contributions. La première partie, « L'autoconfrontation et les verbalisations comme expériences de pensée », regroupe les auteurs pour qui l'autoconfrontation ou le récit de vie constitue une voie d'accès à la pensée enseignante. Il y a en effet ceux pour qui faire verbaliser les enseignants en les confrontant à leur action d'enseignement (Barcelos, Cicurel, Faïta et Boyer, Delorme et Muller, Woods et Knoerr) constitue une médiation privilégiée pour comprendre quels sont les dessous de l'action enseignante. D'aun autre côté, il y a les auteurs, regroupés dans la seconde partie, « Dispositifs de formation et réflexivité », pour qui les agencements de formation, dans leur diversité, constituent un observatoire privilégié de l'activité réflexive (Cahour, Ishikawa, Rivière et Guichon, Tochon, Vinatier). La diversité des situations de formation présentées dans cette seconde partie met l'accent sur l'importance de la contextualisation dans ces travaux. » (Présentation, p. 8-9)

TABLE DES MATIÈRES

Présentation / Francine Cicurel et José Aguilar

L'AUTOCONFRONTATION ET LES VERBALISATIONS COMME EXPÉRIENCES DE PENSÉE

Repenser la pensée enseignante / Devon Woods et Hélène Knoerr
Issu de la recherche en sciences de l'éducation aux États-Unis pour tenter de comprendre les actions des enseignants en salle de classe, le paradigme "teacher thinking" s'est ensuite exporté dans d'autres disciplines telles que la didactique des langues où il est devenu "teacher cognition", et dans d'autres langues, dont le français et sa didactique, sous le nom de pensée enseignante. Cependant ces termes recouvrent un vaste champ sémantique qui englobe non seulement les processus de pensée immédiate mais aussi les différents types de savoirs et connaissances sous-jacents aux décisions et les diverses croyances qui influent sur la pensée. Une grande variété de termes, tant en français qu'en anglais, tentent de clarifier les composantes de la pensée enseignante et de "teacher cognition" et des relations qu'elles entretiennent. Le but de cet article est de revenir sur le champ conceptuel sous-jacent à ces termes. Dans un premier temps, nous présenterons une synthèse de l'évolution du cadre conceptuel au cours des trente dernières années, avec un accent particulier sur le modèle développé par Woods (1996). Ensuite, une analyse de la terminologie recensée dans les écrits tant anglophones que francophones nous amènera à proposer une version actualisée du modèle de Woods qui pose deux dimensions dans le champ sémantique de la pensée enseignante (teacher cognition) dans le but de comprendre les composantes de la pensée enseignante. La première dimension distingue ce qui est traditionnellement désigné sous le vocable de knowledge de ce qui est connu sous le vocable de beliefs. La seconde dimension distingue entre les formes explicitement articulées de knowledge de celles qui sont implicites et incarnées. Enfin, nous présenterons, à l'intérieur de ce nouveau cadre conceptuel, une étude sur la pensée enseignante de professeurs de français langue seconde explorant un nouvel outil technologique pour leur enseignement.

Ambivalence, adaptation et résistance : lorsque l'enseignant de langue est confronté à des réactions non planifiés d'apprenants / Catherine Muller et Vera Delorme
Tout professeur peut être confronté à des réactions des apprenants qui s'écartent de sa planification. L'article cherche à analyser le positionnement de deux enseignantes de langues dans de telles situations. Pour cela, nous prenons appui sur des entretiens d'autoconfrontation pendant lesquels ces deux professeurs ont commenté des séquences vidéo de leur cours. L'émergence inhérente à la classe de langue peut donner lieu à une certaine ambivalence de la part de l'enseignant, qui exprime une satisfaction liée aux initiatives des élèves mais également une forme d'insatisfaction induite par la modification de sa planification. C'est alors que l'on peut observer des manifestations d'une résistance aux désirs des apprenants, qui vise à préserver le programme prévu.

Comment le maître pense son travail avant de travailler et en faisant de son travail un nouvel objet de pensée / Daniel Faïta et Roland Boyer
Dans le but de mettre en évidence, autant que faire se peut, les mouvements à l'oeuvre dans l'activité par laquelle des enseignants (ici de langue régionale occitan à l'école primaire) conçoivent leur travail, on a procédé à une variation de leurs situations et contextes d'enseignement. Mettant à profit une connaissance fine des outils et méthodes prescrits, en initiant un processus déjà expérimenté dans le cadre des méthodes indirectes, on a ensuite sollicité leur collaboration en les confrontant aux films de leur conduite de classe et en leur proposant de dialoguer entre elles et le chercheur. Sans préjuger d'autres conclusion possibles, on a cherché à mettre en évidence les relations intrinsèques qu'entretient la pensée avec les dimensions variables de l'action, relations responsables de formes indéniables de transformations et de développement.

Language teacher beliefs : a key to understanding teachers' actions / Ana Maria F. Barcelos
The importance of beliefs in language teacher education is related to their role in helping researchers understand how and what language teachers think about language teaching and learning, how teachers learn to teach, their reflective processes about their practices as well as their own actions and decisions. Yet, belief is a messy construct and a complex one which has been studied by researchers in different fields, and in Applied Linguistics for more than two decades now. Despite their important role in teacher education, according to Woods (2003), the complexity of beliefs is underestimated in the literature and by many teachers. This paper explores some of this complexity by talking about the nature of beliefs and their relationship with actions and context, which is essential to the understanding of the language teaching and learning processes and to language teachers' practices. In the first part o the article, beliefs is defined and several aspects are pointed out to highlight their importance to teacher education. In the second part, a review of the different approaches to investigating beliefs to date is presented. Thus, the normative, metacognitive and contextual approaches (Barcelos, 2003) are presented and a discussion about this terminology as well as present developments in theory and belief research are discussed. The third part of this paper discusses the relationship between beliefs and actions and the theoretical concepts that have been used to explain the dissonance between beliefs and actions. Based on Richardson (1996), I explain that this relationship can be seen as a cause-effect, interactive and hermeneutic relationship. In the final part of the paper, recent developments of research on beliefs and their relationship to other concepts such as teachers' emotions and identities are presented and suggestions for future research are shared.

Pensée en action / pensée sur l'action : une fenêtre sur l'agir professoral ? / Francine Cicurel
Lorsqu'un enseignant visionne le filmage de son action en classe, ce qui est souvent enfoui dans la mémoire redevient perception. Le fait de se voir au milieu de sa classe, en acte, amène l'enseignant à penser d'une autre façon son métier, sa manière de faire, ce qui caractérise son public et la manière dont il aborde les divers obstacles qu'il rencontre nécessairement. Montent alors à la conscience des savoirs cachés, des motifs sur lesquels il n'a pas le temps ni l'habitude de s'étendre, des appréciations qui ne portent pas seulement sur la langue mais aussi sur la représentation qu'il a des apprenants, des commentaires sur l'image de soi, sur les croyances, le métier, la gestion des imprévus, la rationalité ou la spontanéité de l'action. Cet article se propose d'interroger les discours de verbalisations d'enseignants comme voie d'accès à ce que l'on appelle la pensée enseignante.

DISPOSITIFS DE FORMATION ET DE RÉFLEXITÉ

Pour une formation réflexive dans l'enseignement des langues et des cultures / François Tochon
Cet article décrit la guidance liée à l'élaboration de portfolios auprès de stagiaires en enseignement des langues vivantes explorant leur propre action. La formation réflexive de stagiaires en enseignement du français langue étrangère vise à conceptualiser une approche plus profonde de l'apprentissage de la langue et de la culture cibles. L'article explore la conversation émergeant d'une rencontre de formation sur les composants vidéo d'un portfolio électronique. La recherche-action participative avec des stagiaires désireux d'approfondir leur enseignement grâce à cette orientation profonde sur le terrain place au premier plan l'analyse des conflits pédagogiques et didactiques, l'autonomie de l'apprenant, la collaboration et l'autogestion de ressources en ligne, avec les défis que cette orientation implique en termes d'un réexamen de convictions jusque-là bien ancrées sur la nature de l'apprentissage d'une langue. Quelques implications de la démarche inductive sont brièvement dégagées pour la formation des enseignants.

Construction de bilans rétroactifs par des apparentis tuteurs de langue en ligne : régimes d'action et dynamiques sociocognitives /
Véronique Rivière, Nicolas Guichon La présente étude porte sur l'activité de bilan rétroactif exercée par des étudiants. Dans cette formation, les étudiants-apprentis sont mis en situation de produire un bilan différé multimodal de la séance pour leurs étudiants distants et de réfléchir ainsi, de manière située, à différents aspects liées à l'évaluation. Il s'agit d'identifier, à travers les traces du travail des apprentis et des verbalisations menées à partir de celles-ci, les modes d'élaboration du bilan et de saisir les dynamiques de construction de significations s'appuyant sur une mise en discours de certains aspects de l'activité. Nous mettons ainsi en évidence l'articulation discursive entre activité productive (faire en bilan) et activité constructive (en construire une signification du point de vue de l'activité d'enseignement, de la formation en cours, de normes supposées et des savoirs nécessités) et son caractère dynamique pour la professionnalisation des apprentis tuteurs de langue en ligne. Nous explorons finalement la pensée enseignante dans son articulation avec le discours et l'action.

La verbalisation de la « dimension cachée » : la pensée enseignante à la croisée de la didactique du FLE, de l'analyse de l'interaction et de la formation des enseignants / Fumya Ishikawa
La pensée enseignante se développe tant dans la classe que durant l'entretien d'explicitation. Imperceptible en soi, elle peut se manifester dans la classe sous forme de dit et/ou de fait, les éléments ainsi révélés faisant ensuite l'objet de l'entretien d'explicitation. Composé par l'interaction verbale entre l'enseignant « novice » dt l'« expert », ce dernier les incite à revenir aussi sur les éléments constitutifs de la pensée enseignante qui n'ont pas été manifestés de façon perceptible dans l'interaction avec les apprenants en classe. De plus, il permet à l'enseignant « novice » de mettre en lumière ce qu'il pense, à travers l'interaction avec l'« expert », du dit et/ou du fait produit(s) dans la classe. Énonciativement, praxéologiquement et/ou cognitivement polyphonique, le discours de l'entretien d'explicitation est donc un dispositif révélateur à la fois du « répertoire d'enseignement » de l'enseignant « novice » et du répertoire cognitif de son partenaire. Si celui-ci a trait à la formation, c'est que dans l'entretien, l'« expert » évalue les activités que l'enseignant « novice » a pratiquées dans la classe, l'invite par par la « maïeutique » à réfléchir pour identifier la raison pour laquelle des incidents se sont produits, « diagnostique » les problèmes connus par les apprenants, transmet des savoirs et des savoir-faire pédagogiques et donne des conseils. Pour enrichir le « répertoire d'enseignement » sans recourir à l'étayage de l'« expert » et devenir ainsi enseignant autonome, l'enseignant « novice » doit acquérir une telle capacité de réfléchir sur lui-même.

Démasquer incompréhensions et désaccords interactionnels avec des entretiens « re-situant » / Béatrice Cahour
Pendant les interactions, didactiques ou autre, les mouvements de désaccord et d'incompréhension sont une part de l'expérience subjective souvent contrôlée et camouflée, et qui ne se laissent apercevoir que partiellement. Or, de façon sous-jacente, elles peuvent orienter l'activité, notamment l'engagement et la motivation vis-à-vis de l'interaction en cours, et elles participent à la relation interpersonnelle qui se construit. Pour faire verbaliser cette dynamique interactionnelle, et en particulier les mouvements de désaccord et d'incompréhension vis-à-vis de l'interlocuteur, nous nous basons sur les principes et techniques de l'entretien d'explicitation développés par Vermersch, qui veillent à ce que le sujet se souvienne au mieux de la situation et limite les reconstructions. Nous proposons de les mettre également en oeuvre avec des supports mnésiques comme la vidéo de l'interaction, en soulignant néanmoins les risques et limites de ce dispositif. À partir d'exemples de cas, nous montrons comment ces méthodes permettent d'éclairer l'expérience subjective des interactions, faite notamment de mouvements de désaccords et d'incompréhension teintés d'affectivité, mais aussi d'autres pensées, perceptions sensorielles, émotions et actions.

L'activité enseignante à la lumière de la pensée de l'enseignant / Isabelle Vinatier La pensée enseignante est ici telle que la révèle l'analyse des interactions verbales entre un enseignant et ses élèves en situation de classe. Notre présentation s'appuie sur une recherche collaborative avec des enseignants de collèges qui souhaitent comprendre ce qu’ils font lorsqu’ils aident des élèves à résoudre les difficultés que comporte l'exercise qui leur a été confié. Dans cette recherche se repère comment un groupe d'enseignants passe d'une conceptualisation en acte (pensée en acte, i.e. telle qu'elle se réalise ou se déploie dans l'acte, de façon irréfléchie, non consciente de soi) à une conceptualisation consciente (pensée verbalisée). Ils découvrent que la situation de classe rapportée par l 'un de leurs pairs pourrait à ce point être la leur qu'ils la considèrent comme significative et prototypique des tensions qu'ils vivent au quotidien : entre passer du temps avec l'élève et préserver l'avancée de la séance pour tous les autres ; entre comprendre la difficulté de l'élève et parvenir rapidement à sa résolution ; entre préserver la relation et engager l'élève à surmonter l'obstacle. Mais, pris dans ces tensions, il peut arriver que dans le feu de l'action, dans l'urgence, on finisse par faire ce qu'on ne voulait pas faire. Le groupe, s'étant effectivement reconnu dans ce cas de figure, va alors chercher les moyens d'obvier à ce qu'il a identifié comme « un piège interactionnel ».

Outil pour la recherche - La fabrique d'un entretien d'autoconfrontation dans le cadre d'une recherche sur l'agir professoral. Méthodes, buts et analyses / Groupe IDAP-DILTEC

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